Traduction par Youssef Am du billet The Toyota KPI Dashboard—Safety de Christoph Roser, paru sur son blog All About Lean.

Dans mon dernier article traduit ici, je vous ai montré un aperçu des panneaux « indicateurs de performance » chez Toyota. Cette fois, examinons plus en détail la première section (et sans doute la plus importante) consacrée à la sécurité. Et pendant que j’y suis, permettez-moi également de vous en dire davantage sur la sécurité chez Toyota.
Introduction

L’entreprise Toyota aime dire qu’elle donne la priorité à la « sécurité ». Et effectivement, on a l’impression que l’on accorde beaucoup d’attention à la sécurité. Même s’il y a bien sûr des accidents occasionnels, ceux-ci sont très peu nombreux. Par exemple, une usine Toyota Boshoku à Aichi que j’ai visitée 647 jours s’étaient écoulés depuis le dernier accident. L’objectif était de 1320 jours (soit 3 ans et demi, puisque le record jusqu’à présent dans cette usine était de 1312 jours sans accident (du 9/9/2015 au 12/01/2021).
Chaque usine Toyota dans le monde où je suis allé possède une « barrière de sécurité » à l’entrée de l’usine. Cela symbolise qu’un employé entrant dans l’usine est responsable de sa propre sécurité (et de celle des autres). Le premier comité de sécurité et de santé et les activités organisées par la Semaine de la sécurité chez Toyota Motor remontent à 1938, quelques années seulement après sa création en 1933. Leur objectif est zéro accident, en se concentrant particulièrement sur les dangers liés (1) aux machines en mouvement, (2) aux objets lourds, (3) contact avec des véhicules, (4) chutes, (5) choc électrique et (6) températures élevées. La sécurité est également l’un des principaux volets du Toyota Hoshin Kanri, leur structure permettant de fixer des objectifs de haut en bas dans toutes les hiérarchies. J’ai même trouvé des rappels sur la sécurité au dos de certains de leurs gilets de sécurité à haute visibilité, déclarant : « Si je parie avec ma vie, je joue avec la sécurité. ». (Même si pour moi, cela se lirait mieux dans l’autre sens : « Si je joue avec la sécurité, je parie avec ma vie. »)


Les dojo sécurité
Les nouveaux employés bénéficient de deux semaines de formation dans un centre de formation (un dojo) consacrées à la manière de travailler correctement dans l’usine. Il ne s’agit pas de technologie compliquée comme le soudage, mais simplement du travail sur une chaîne de montage. Une grande partie de cette formation est consacrée à la sécurité.
Par exemple, à un endroit, ils ont une démonstration où un poids est lâché sur un morceau de bambou dans une chaussure normale… ce qui brise le morceau de bambou. Ensuite, le poids est lâché sur un morceau de bambou dans une chaussure de sécurité et le bambou est indemne. D’autres exercices différents renforcent également le concept de sécurité.


Les panneaux des indicateurs de sécurité



Mais le sujet principal de cet article est le tableau de bord des indicateurs et la rubrique consacrée à la sécurité. Gardez à l’esprit que même si les sujets principaux sont les mêmes dans tous les sites Toyota, les fiches de techniques qui s’y trouvent peuvent varier considérablement. Les usines sont libres d’adapter la documentation à leurs besoins. Mais il y a une chose que j’ai trouvée un peu partout c’est est la croix de sécurité. Il s’agit d’un simple croisement avec les jours d’un mois (c’est-à-dire de 1 à 31). Chaque jour, la veille est remplie. Le vert ne représente aucun accident. Le jaune représente un accident mineur. Et le rouge représente un accident majeur. Tout au long du mois, une représentation très visuelle de la statistique de sécurité émerge. Des visualisations similaires sont utilisées dans de nombreuses usines. Si pour des raisons religieuses une croix n’est pas souhaitable, j’ai également vu un « S » de sécurité.
On trouve aussi des statistiques supplémentaires sur la sécurité. Très souvent, les « jours écoulés depuis le dernier accident (majeur) » sont affichés en gros. Cela peut également varier, et j’ai pu voir ce nombre mesuré en heures de travail depuis le dernier accident (majeur ou mineur).
Ensuite, on trouve généralement un aperçu de l’année écoulée, montrant par exemple le nombre d’accidents de l’année passée, l’objectif et le nombre d’accidents mensuels. Une ligne cumulée compte le nombre d’accidents survenus depuis le début de l’année et indique clairement si l’objectif peut être atteint ou si la ligne cumulée s’approche ou même dépasse l’objectif. Souvent, ces valeurs permettent de distinguer s’il s’agit d’un accident majeur avec arrêt maladie, d’un accident mineur ayant provoqué un arrêt de ligne, d’un accident mineur n’ayant pas provoqué d’arrêt de ligne ou d’un presqu’accident. Par leur nature, les presqu’accidents sont souvent sous-estimés, mais il existe au moins une tentative pour les détecter. Après tout, statistiquement parlant, 20 presqu’accidents provoquent un accident mineur, 3 accidents mineurs provoquent un accident grave et 10 accidents graves provoquent un décès. Par conséquent, tenter de remédier aux presqu’accidents peut contribuer à prévenir des accidents mineurs ou majeurs. L’exemple ci-dessous montre à quoi ressemble l’une de ces feuilles, mais bien sûr il s’agit là de données fictives.

Une feuille très similaire peut être utilisée pour suivre les incidents mineurs, avec également les chiffres de l’année dernière, les objectifs, les incidents mensuels et une ligne cumulée. Vous trouverez ci-dessous un exemple, toujours avec des données complètement fictives.


La section sécurité peut être complétée par des détails sur le dernier accident majeur et les actions prises pour l’éviter. Ceci complète la section sur la sécurité des panneaux indicateurs chez Toyota. La semaine prochaine, je parlerai davantage du deuxième sujet le plus important chez Toyota, la qualité ! Maintenant, sortez, améliorez la sécurité de votre personnel et organisez votre activité !
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Une réflexion sur “Les indicateurs de performance chez Toyota : la sécurité”