Le paradoxe de Zénon revisité

Le paradoxe de Zénon revisité

Achille et la tortue, ou comment accélérer prodigieusement la vitesse de réalisation des nouveaux développements informatiques

Zénon d’Elée, au 5e siècle avant notre ère, énonçait son paradoxe bien connu : la tortue est 100 pas devant Achille ; ils font la course. Le temps qu’Achille fasse les 100 pas, la tortue en a fait 10 ; le temps qu’Achille couvre ces 10 pas, la tortue en a fait un ; si les choses continuent ainsi de suite, jamais Achille ne devrait rattraper la tortue ; et pourtant il la rattrape évidemment. Comment cela se peut-il donc ?

Une simple suite géométrique dont la convergence est fournie par la formule suivante : a / (1-q) soit 100/ (1-0,1) soit 100/0,9 = 111,11 mètres.

Fin de la course.

Il n’empêche que la belle mécanique théorique du 1/10 de plus à l’infini séduit nos esprits depuis 2500 ans. Et continue de le faire.

« L’évidence des sens est parfois fallacieuse », disait Parménide. Si les biais cognitifs n’étaient pas si attirants, nous ne nous égarerions point dans leurs pièges…

Supposons maintenant que la tortue avance en ligne droite du départ à l’arrivée, en prenant la bonne direction à chaque fois.

Et que Achille se trompe simplement de direction deux fois sur 10, à chaque pas.

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L’éditeur de logiciel et le gemba walk

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Il existe 1 000 histoires montrant comment les pratiques Lean permettent d’améliorer les produits industriels. Mais qu’en est-il dans le monde informatique ?

Intuit est une belle histoire d’édition de logiciel. Créée en 1983, une éternité en temps informatique !, l’entreprise propose une offre de comptabilité à destination des particuliers et des TPE. Elle réalise, avec plus de 50 millions de clients, 6 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an.

Le genchi genbutsu[1] est l’une des pratiques inscrites dans le marbre de la culture d’Intuit sous forme d’un programme appelé “Follow me home” (“suivez moi à la maison”) dans lequel Intuit investit 10 000 heures par an. Lire la suite « L’éditeur de logiciel et le gemba walk »

«Vous, les informaticiens, vous testez trop !»

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Premier jour de formation en Lean Management ; le formateur propose un tour de table pour connaître l’origine et le niveau de connaissance en Lean des personnes présentes. Chacune se présente et arrive mon tour. J’égraine mes prénom, nom, fonction, entreprise, mon niveau de connaissance en Lean et ce que j’attends de cette formation.

Réponse du formateur à mes propos : « Vous, les informaticiens, vous testez trop ! ». La personne suivante se présente.

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Lean Informatique : Gaspillages et Développement Logiciel (1/2)

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Responsable de la démarche de Lean Software Development chez un éditeur de logiciel pendant deux ans, j’ai coaché une équipe dans le développement de deux versions successives (appelons les V2 et V3) du logiciel d’entreprise que nous commercialisons.

Nous avons graduellement apporté sept modifications majeures à notre organisation, modifications qui ont permis à notre R&D de supprimer des gaspillages dans le processus de développement et d’obtenir des résultats encourageants.

Dans cette première partie, nous décrivons le contexte, le problème sous forme d’écart de performance opérationnelle, et les premiers changements que nous avons mis en oeuvre.

Dans la seconde partie nous décrivons quatre autres pratiques, les résultats obtenus ainsi que les enseignements.

(Article publié en anglais sur le site InfoQ en Juillet 2014 et édité par Ben Linders – traduction Florence Préault)

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De l’efficacité de la production pièce à pièce dans l’IT

Appliquer le principe du « pièce à pièce » au développement informatique permet de réduire les délais de façon très conséquente. La preuve par l’exemple…

informatique-lean-operae-partnersUne équipe composée d’une dizaine de personnes est chargée de 4 applications utilisées dans des points de vente.

La problématique de l’équipe ? Respecter les dates de livraison

Le principal souci de l’équipe est qu’elle ne parvient pas à livrer tous ses projets d’évolution à la date initialement prévue.

Elle est organisée de la façon suivante : les analystes ont pour habitude de spécifier l’ensemble des évolutions d’une application pour chaque nouvelle version dans un document qu’ils transmettent ensuite aux développeurs, qui à leur tour vont tout développer et transmettre l’ensemble du soft à une équipe de tests qui va vérifier la conformité du développement par rapports aux besoins clients. L’ensemble des étapes prend en moyenne 4 mois, depuis le « go » jusqu’à la livraison pour mise en production.

Suite à un atelier de trois jours qui les sensibilise à l’intérêt de la production « pièce à pièce »*, les membres de l’équipe décident de procéder autrement et de tester une stratégie différente à l’occasion d’un nouveau projet impactant fortement l’ensemble des quatre applications. Lire la suite « De l’efficacité de la production pièce à pièce dans l’IT »

Comment regardez-vous le produit ?

fordL’organisation en ligne d’une chaîne d’assemblage est maintenant très largement répandue.  L’industrie automobile, nous l’a largement démontré. Et pourtant, d’autres industries bien plus flexibles par la nature des objets qu’elles manipulent peinent, voire refusent encore de s’organiser ainsi.

Quels avantages présentent cette organisation ? A l’origine, Ford l’imagina afin de limiter les déplacements des opérateurs mais surtout pour imposer un rythme aux ouvriers qui devaient suivre les cadences du convoyeur. Ce même convoyeur particulièrement têtu qui refusait de s’arrêter sauf pendant les pauses : du flux poussé. C’est mal !

Mais que fait-on exactement en s’organisant ainsi ? Lire la suite « Comment regardez-vous le produit ? »

Informatique et gaspillages, épisode 3 : mouvements inutiles, corrections et retouches

Clôturons notre série consacrée aux gaspillages en informatique ! Après la surproduction, l’attente, le transport et les étapes inutiles, intéressons-nous aux mouvements inutiles et aux corrections imposés aux utilisateurs d’un logiciel pro chez un voyagiste.

Les mouvements inutiles : navigation et recherche
labyrintheLe fait de parcourir les pages ou écrans d’une application pour y rechercher une information est un gaspillage, puisque le déplacement n’apporte en soi aucune valeur à l’utilisateur. Dans le cas idéal, l’utilisateur devrait avoir toutes les informations nécessaires sous les yeux, et uniquement ces informations nécessaires, sans avoir à fournir le moindre effort. Le système du voyagiste regorge de tels exemples : les différents vols proposés pour une requête donnée sont affichés dans des pages distinctes, ce qui oblige à naviguer fréquemment d’une page à l’autre pour comparer les alternatives ; il faut revenir à la page d’accueil pour modifier les critères de recherche de vol ; la page qui affiche le détail d’un voyage est très longue, ce qui oblige l’utilisateur à utiliser les barres de défilement pour naviguer de haut en bas, etc. Dans le cas où les informations sont regroupées au sein d’un même écran, la navigation et la recherche prennent une nouvelle forme : le regard parcourt l’écran à la recherche de l’information pertinente.

Les corrections ou retouches
Recommencer une action est un gaspillage ! Par exemple, si l’agent commercial ou le voyageur font une faute de frappe en indiquant une ville de destination, le système affiche un message d’erreur et ils doivent recommencer toute la saisie. Un bon système à cet égard propose une correction automatique, ainsi que la bonne destination en cas de faute de frappe mineure ; ou encore, un clic sur la destination voulue, indiquée sur une carte.

Pour comprendre comment que la pratique Lean peut vous aider à améliorer les logiciels que vous concevez, lisez La Pratique du Lean Management dans l’IT.couverture La pratique du Lean Management dans l'IT

Informatique et gaspillages, épisode 2 : les étapes inutiles

Après la surproduction, l’attente et le transport détaillés dans un précédent post, intéressons-nous à trois autres gaspillages : les étapes inutiles que l’informatique impose parfois à ses utilisateurs, dans ce cas précis : chez un voyagiste.

Etapes inutiles : informations déjà disponibles / double saisie

informatique-frustration-lean-management-operae-partnersUne saisie est jugée inutile lorsque le système aurait pu trouver l’information par lui-même, sans exiger d’efforts de la part de l’utilisateur. Dans le cas de l’agent commercial, par exemple, la double saisie de l’identité de l’utilisateur – une fois pour la réservation du voyage, et une autre pour le paiement. Dans le cas du client final, la saisie hebdomadaire d’informations toujours identiques s’il s’agit d’un voyageur qui réserve un vol chaque semaine, pour la même destination, et à la même heure. Lire la suite « Informatique et gaspillages, épisode 2 : les étapes inutiles »

Lean Informatique et gaspillages, épisode 1 : surproduction, attentes et transport

Pour comprendre comment la grille d’analyse des sept gaspillages du Lean management s’applique à l’utilisation des interfaces homme/machine, prenons l’exemple des utilisateurs d’un logiciel dans un réseau d’agences de voyage.
En synthèse :

Surproduction = Saisir plus d’informations que le système ne nécessite à un moment donné.

Attentes = Attendre une réponse du système.

Transport = Copier des informations manuellement d’un système à l’autre.

Surproduction

Le système informatique occasionne un gaspillage de surproduction pour l’utilisateur lorsqu’il lui donne une information inutile, ou lorsqu’il fournit une information avant qu’il en ait réellement besoin. Un exemple typique est la page d’accueil du site intranet du voyagiste, chargée d’une multitude d’informations dont chacune n’intéresse qu’une partie des utilisateurs. Du point de vue de chaque utilisateur, de nombreuses informations sont lues, ou consommées, pour rien. Une autre forme de surproduction concerne la saisie d’informations par l’utilisateur : soit le système demande des informations inutiles, soit il demande ces informations trop tôt.

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Les trois malédictions des informaticiens 2/2

En quoi le Lean management aide l’informatique ?
Après la malédiction de la connaissance et celle de l’ignorance :

La « malédiction de la réinvention »

idéeLes principes de la conception de l’interface homme / machine, bien que définis et documentés, sont souvent peu connus des équipes. Leur mise en œuvre demande de l’expérience pour trouver les meilleurs compromis et résoudre un grand nombre de contraintes simultanées. Les spécialistes de l’ergonomie des interfaces homme / machine existent et savent gérer ces contraintes. Ils ne sont toutefois impliqués que dans de très rares projets, et souvent de manière ponctuelle.

Pourtant, tout développement implique des choix de conception d’interface. Même dans le cas d’un logiciel qui n’a pas d’interface graphique (middleware, bibliothèque, proxy…), le nommage, les structures de données et les comportements face aux anomalies – pour ne citer que quelques facteurs – génèrent plus ou moins de gaspillages, en premier lieu chez les informaticiens et en second lieu chez les utilisateurs des applications qui s’appuient sur le service rendu par le logiciel. Lire la suite « Les trois malédictions des informaticiens 2/2 »