Après « NUMMI, l’histoire d’une transformation Lean » (à lire ici), puis « Rôle et responsabilités du manager Lean » (à retrouver dans ce billet), voici la troisième et dernière partie du résumé de la masterclass donnée par Isao Yoshino à Lyon en mars dernier.
Yoshino-san nous a donc amené sur un terrain bien moins maîtrisé aujourd’hui dans nos approches Lean : le hoshin kanri. Cet outil Lean sert avant tout à aligner l’ensemble des efforts d’une entreprise ou d’une organisation vers un but commun, que l’on nomme parfois Etoile du Nord dans les projets. Il s’agit de traduire, à tous les niveaux de l’organisation la vision plus ou moins long terme de l’entreprise en objectifs chiffrés ambitieux mais atteignables et en suite d’actions pour l’année à venir.
Comme toujours en Lean, on suit de près l’évolution par une mesure pertinente de l’efficacité des actions et on corrige suivant des échéances régulières (mensuelles, trimestrielles ou semestrielles). A titre d’exemple, nous étudions le Hoshin Kanri réalisé il y a quelques années par l’usine Lexus de Kyushu.
Leur principal objectif était de devenir une usine modèle, de classe mondiale en s’appuyant sur trois points fondamentaux : le développement du gemba parmi les managers et employés, les développements des capacités techniques et humaines des employés, toujours en se fondant sur le TPS.
Pour cela, ils ont listé trois ensembles d’implémentation essentiels par ordre d’importance :
- développer les personnes,
- s’engager dans la communauté locale,
- créer de bons produits,
et les ont déclinés sur l’année concernée. Afin de réaliser l’exercice, les cadres de l’usine se sont appuyés sur les acquis d’un programme d’entraînement au Hoshin Kanri baptisé « Kan Pro » développé à la fin des années 1970. Le but de ce programme était de développer l’importance de l’alignement de la vision pour tous les employés sans exception, de les familiariser avec l’outil et la pratique du A3, permettant notamment de distinguer l’essentiel de l’accessoire et de renforcer l’habitude déjà culturelle de Toyota de reporter les mauvaises nouvelles d’abord sans craindre la réprimande.
Pour rester fidèle à la simplicité trompeuse qui caractérise la plupart des outils Lean, faisant dire à certains (à tort !) que ce n’est finalement que du bon sens, Yoshino-san nous présente un modèle de document A3, support au hoshin comme base d’exercice pratique pour un hoshin personnel : que souhaitez-vous réussir cette année ?
Ce document se décompose en 3 parties : le titre, avec notamment la précision de la période de temps concerné par l’exercice ; la description de la vision, ce que l’on souhaite réussir en tant qu’entreprise, puis le hoshin du département ou de l’équipe.
Ce hoshin est décrit par les éléments suivants :
- Domaine (R&D, manufacturing, safety, etc….) : le hoshin peut se décliner sur plusieurs domaines et si c’est le cas, l’exercice sera répété au niveau de chaque domaine.
- Retour d’expérience de l’année précédente : ce que l’on a appris l’année précédente, ce qui a fonctionné ou pas, chiffres bienvenus.
- Objectif pour l’année en cours : on fixe les objectifs à atteindre pour être aligné avec la vision globale. Encore une fois, les chiffres sont bienvenus afin de suivre l’évolution, si possible régulière dans le temps.
- Actions concrètes à mener : elles doivent être décrites de manière actionnable et comporter un objectif chiffré qui sera suivi lors des revues hoshin.
- Évaluation : quel est l’état de l’action à l’instant T ? Sommes-nous en train de réussir ?
- Jalons : quels sont les points d’étapes que l’on se fixe pour suivre l’évolution des actions en cours ? Quels problèmes se posent ? Quelles corrections à apporter ?
Encore une fois et comme très souvent dans les exercices et outils Lean, on voit que c’est avant tout le rythme qui va être imprimé, le suivi chiffré des actions et par extension la mise en visibilité des problèmes rencontrés qui vont déterminer la réussite du Hoshin.
Ainsi se conclut notre compte-rendu d’une masterclass passionnante, animée avec brio et joie de vivre par Isao Yoshino.
Une réflexion sur “Hoshin-Kanri : orienter l’action vers un but commun”