Je réalise, monte et publie les vidéos de captations lors d’une conférence ; ces films sont ensuite utilisés dans un cadre promotionnel. En 2011 et 2012, il m’a fallu 34 semaines (8 mois) pour produire et publier 18 vidéos alors que mon client souhaitait les publier en 10 semaines.
Cet article va vous expliquer le parcours que j’ai suivi pour répondre à la demande de mon client.
J’ai commencé par réfléchir à mon problème de délai de livraison. J’ai donc regardé le problème selon trois axes : 1. le matériel (je n’avais pas de double flux d’acquisition), 2. l’organisation (le « derushage » ou visionnage était confié à différentes personnes et enfin 3. les compétences (je ne maîtrisais pas le logiciel de montage en multi-caméra et en étalonnage).
Etudions le processus
Avant toute chose, revoyons les différentes étapes de la post-production d’un film :
- Acquisition des rushs : en filmant avec des caméras analogiques je devais numériser le film sur l’ordinateur, ce qui prenait 1 heure par caméra (sachant que j’utilisais 3 caméras par film : 3 heures de numérisation)
- Montage de l’intégralité du film (montage long) avec les rushes issus des trois caméras (environ 4 jours et demi de travail)
- Etalonnage : mise à niveau de la colorimétrie des rushes des 3 caméras (1/2 journée).
- Compression : changement du format pour le web (1h30 d’attente pendant que l’ordinateur « travaille »)
- Derushage pour la sélection d’extraits pour un montage court : il s’agit de sélectionner les moments les plus intéressants ; cette mission étant effectuée par des tierces personnes généralement peu disponibles (en moyenne 1 semaine d’attente)
- Montage court des extraits pour aboutir à un film de 2 à 10 minutes (environ 1 heure de travail)
- Compression du montage court avant mise en ligne (environ 1 heure d’attente)
- Validation du montage du film par l’intervenant (temps d’attente très variable : de 1 jour à 1 semaine).
- Mise en ligne du film sur Internet (entre 4 heures et une nuit entière selon la qualité de la connexion).
Les actions d’amélioration
Fort de cette analyse, j’ai mis en place un management visuel pour faciliter l’organisation et la coordination de l’équipe. Le fait d’afficher au mur les différentes étapes de traitement ainsi que les films à monter, m’a donné une vision très claire de la situation et de mon challenge : par exemple, où je devais porter mon effort et où c’était important.
J’ai décidé d’acheter un ordinateur supplémentaire pour paralléliser les traitements. J’ai ensuite formé une collègue à la technique du derushage sur l’ordinateur qui consiste à visionner le montage long du film et à repérer directement dans le logiciel les séquences à conserver. Je me suis formé seul aux spécificités du logiciel de montage liées au mode multi-caméra et à l’étalonnage. Et enfin, j’ai décidé d’effectuer les mises en ligne sur Internet via une connexion fibre (et non plus via l’ADSL).
Cela m’a libéré l’esprit et du temps en m’évitant de travailler tard le soir et les week-ends.
Le résultat des différentes actions menées
L’achat d’une machine a permis de diviser par deux le temps d’acquisition. Comment ? J’ai mis les ordinateurs en damier : pendant que je fais les acquisitions sur l’ordinateur 1, je peux monter le premier film déjà acquis sur l’ordinateur 2. Le temps du montage, l’ordinateur 1 a fini les acquisitions du second film ce qui me permet de monter sur l’ordinateur 1.
Sur la partie « compétences », je me suis formé grâce à des didacticiels au montage multi-caméra du logiciel Final Cut Pro et à l’étalonnage. Cela m’a permis de diviser par 3 le temps de montage. Avant ma formation au mode multi-caméra, je travaillais sur plusieurs couches de vidéos avec lesquelles je devais jongler à l’aveugle (le comble pour un monteur !). Il me fallait alors 4,5 jours pour effectuer un montage complet (acquisition, montage, insertion des slides, étalonnage et compression).
Après ma formation au mode multi-caméra, je suis devenu le roi du pétrole ! Je n’ai plus à jongler entre plusieurs couches de vidéos, j’ai le visuel de chaque caméra, j’ai recouvré la vue ! Il ne me faut plus qu’un 1,5 jour pour effectuer un montage complet (plutôt que 4,5 jours), pour un résultat bien meilleur.
Enfin pour les montages courts, grâce à l’acquisition du nouvel ordinateur, la collègue que j’ai formée a pu sélectionner les extraits directement sur la machine en 2 à 3 heures seulement. Cette amélioration a permis un gain de temps considérable car auparavant je devais attendre jusqu’à une semaine pour récupérer sur papier une liste d’extraits à monter.
Grâce à toutes ces actions d’amélioration, en 2013, à l’issue de la conférence, j’ai livré l’intégralité des films, soit cette année-là 32 films (soit 14 films de plus que les années précédentes) en seulement 10 semaines.