Une entreprise entreprend sa transformation Lean management et souhaite constituer une équipe interne de coachs Lean qui pourront accompagner les équipes pendant les premiers projets mais aussi, sur du plus long terme, dans les démarches “d’amélioration continue”. Lesquels de ses collaborateurs doit-elle recruter ?
Question importante : ils vont avoir une influence sur le mode de travail de centaines de personnes, sur l’efficacité de l’entreprise et sur la relation entre l’entreprise et ses clients.
En plus, leur formation prend un an, ce qui est un véritable investissement pour l’entreprise.
Jeffrey Liker, grand auteur du Lean management, fournit dans “the Toyota way fieldbook”[1] la liste des 14 caractéristiques que doit posséder selon lui le coach Lean :
- Smart
- Esprit de synthèse
- Aime apprendre
- Mets les mains dans le cambouis
- Passionné par l’amélioration
- Leadership
- Excellentes relations interpersonnelles
- Excellent communicant (écrit, oral)
- Compréhension des données (niveau débutant)
- Capacité à modéliser (par exemple, représenter un flux)
- Aisance naturelle avec la résolution de problèmes
- Aime lire
- Ouvert aux idées nouvelles
- Personnellement organisé
De mon expérience Lean, toute cette liste est pertinente. On cherche en effet des personnalités un peu atypiques :
Le coach Lean sait créer de vrais liens avec les opérationnels
Les tableaux excel, les rapports et les slides ne le font pas rêver. Le coach Lean va entrer en relation avec une équipe et doit en accompagner les membres vers des façons nouvelles de travailler. Son intelligence relationnelle l’amènera à accepter le rythme de chacun dans le changement au lieu d’imposer sa propre vision de l’idéal de fonctionnement de l’équipe. Cette patience apporte un double bénéfice :
- Les changements étant portés par l’équipe, ils seront plus pérennes. De toute façon, le potentiel d’amélioration est infini et accompagner l’équipe dans la direction qu’elle souhaite suivre apportera autant de résultats que de suivre ses propres lubies.
- Sa connaissance très partielle du métier réel de l’équipe peut emmener le coach Lean dans de mauvaises directions. Son respect de l’expertise des opérationnels sécurise la qualité du changement.
Le coach Lean prendra plaisir à voir les personnes changer de point de vue, prendre confiance dans leur capacité à changer leurs process et réussir.
Bref, cherchez à recruter des gens agréables et ouverts aux autres.
Le coach Lean a envie d’apprendre
J’ai toujours considéré ma propre immersion dans le Lean comme un executive master avec des cours de pilotage d’entreprise, de management, de conception de produit et d’organisation industrielle. Apprendre le Lean management n’a rien eu de facile puisque j’avais déjà des années de responsabilités opérationnelles et donc des idées arrêtées sur la façon d’aborder une situation. Beaucoup d’entre elles ont été remises en cause et abandonnées, remplacées par de nouvelles. S’arrêter au défaut par exemple : qui peut trouver l’idée simple au quotidien ?
La personne que vous allez sélectionner va elle aussi apprendre tous les jours. Posez-lui la question de savoir si elle en a envie et vérifiez qu’elle en a l’appétence. Quelques exemples de questions possibles : quel est le dernier livre professionnel que tu as lu ? La dernière conférence que tu as entendue ? La dernière expérimentation que tu as menée ?
Le coach Lean a envie que son entreprise réussisse
Il va être porteur d’une telle envie de s’améliorer que rien, ou presque, ne l’arrêtera. Il verra dans chaque situation un potentiel, il aura la personnalité ad hoc pour présenter un point de vue différent à un manager sans craindre le poids de la hiérarchie.
Il aura vraiment envie que les clients soient contents, qu’ils achètent plus et que le CA se porte bien et donc il aura à cœur d’emmener les équipes dans des améliorations du parcours client. Il essaiera de comprendre son point de vue et de vivre sa vie pour trouver des sujets d’amélioration qui ont du sens.
Enfin, le coach Lean ne se satisfait pas du “nous avons fait les actions du plan d’actions, le sujet est donc clos”, il veut voir l’amélioration dans le quotidien de l’activité avant de se réjouir. Il est méthodique dans la mesure avant /après et partage cette pratique très largement. Rien ne lui parait plus surprenant que d’entendre “la nouvelle norme (ou le nouveau process) ? Non, je ne sais pas ce qu’elle apporte mais j’ai 18 mois pour la déployer sur l’entreprise.”
Bref, le coach Lean a une motivation extrinsèque : gagner le match que joue son entreprise.
Le coach Lean sait de quoi il parle
Enfin, le coach que vous recrutez doit connaitre le domaine sur lequel il va intervenir. Le coach Lean en informatique doit savoir lire un compte-rendu d’incidents et celui qui coache une équipe comptable doit avoir un minimum de compréhension de ce qu’est un compte actif ou passif. Quand l’activité qui vous entoure vous est complètement inconnue, comment poser les bonnes questions, celles qui vont faire réfléchir ? Difficile.
Sympa, ouvert aux idées nouvelles, compétent et engagé, le coach Lean en devenir a donc bien des talents ! Ce qui va l’attirer dans le poste : l’occasion de bien connaitre l’entreprise, l’accès aux cadres dirigeants et surtout la possibilité de conduire le changement, ensemble.
[1] Chapitre 20. « leading the change » – page 436
Une réflexion sur “Coach Lean – qui recruter ?”