Vous qui dirigez une entreprise, vous êtes plutôt Fiat ou Toyota ? Il ne s’agit pas ici de réfléchir sur le plan des préférences personnelles vis-à-vis d’un modèle de voiture, mais plutôt de réfléchir à l’entreprise que l’on voudrait diriger.
Y réfléchir conduira aussi à réfléchir à quelle stratégie de production et de management faut-il alors privilégier : plutôt world class manufacturing (« WCM ») comme chez Fiat ou lean comme chez Toyota ?
Tirer l’andon dans une usine de production automobile provoque l’interruption de la chaîne de production. Et dans l’IT ? Et bien quand on fait du Lean IT, on s’arrête aussi dès que l’on voit un défaut.
A la différence de la rétrospective qui intervient tardivement après le problème, l’andon permet de s’attaquer à la résolution du problème immédiatement !
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Lors de mon service militaire, il nous arrivait régulièrement de déplacer un tas de cailloux du côté Nord Ouest de la cour de la caserne au côté Sud Est, et réciproquement. Cela nous occupait sainement, pensaient les sous-officiers.
Cette sensation de travail inutile, je la rencontre régulièrement dans mes gemba walks. Dans cette équipe de data mining, il s’agit d’évaluer soigneusement chaque demande émise par le marketing, puis d’en préparer la présentation dans un comité chargé d’en valider la réalisation, puis de la planifier et de la replanifier jusqu’à la réaliser … en 90 secondes, le temps de taper 23 caractères dans une requête et de lancer un test simple. Ailleurs, on va demander aux techniciens de maintenance de consacrer des journées entières à mettre des courriers dans des boites aux lettres au lieu d’inspecter et d’entretenir les équipements dont ils ont la responsabilité.
J’ai vu des situations comme celles-ci dans beaucoup d’entreprises. Souvent, elles s’accompagnaient d’un stock de demandes/opérations à traiter qui prenait du retard. Une équipe de développeurs logiciel n’arrivait pas à corriger les bugs qui irritaient les utilisateurs tous les jours, tant ils étaient occupés à développer de nouvelles fonctionnalités, elles-mêmes dépendantes du travail d’autres équipes, et ayant donc une probabilité faible d’être mise à disposition avant 18 mois. Dans un centre d’appels interne avec une qualité de service perfectible, une partie des collaborateurs travaillait sur le sujet suivant : communiquer à l’ensemble des 1 200 manageurs qui récupérait le droit de signature lorsque l’un d’entre eux était en congé. En regardant d’un peu plus près, il est apparu que les notes de service envoyées traitaient des vacances de l’été … précédent.
Ces situations absurdes s’accompagnent pour les collaborateurs d’un sentiment d’épuisement face à un travail sans fin et de perte d’estime de soi, face à l’inutilité de l’action.
Quelle tristesse ! La seule voie de sortie honorable serait d’imaginer réduire ces activités inutiles pour retrouver tout à la fois de la qualité de service, de la productivité et du plaisir au travail.
Et pour cela, le manager doit déjà prendre le temps d’aller sur le terrain, pour voir avec les yeux du lean (le gemba walk) et accepter ce qu’il y découvre. Ce qui sera plus facile avec un coach lean, car les situations perdantes que nous avons évoquées proviennent largement de nos propres biais cognitifs.
Biais numéro 1 : « il faut occuper les collaborateurs »
Ce sont les enfants des centres aérés que l’on doit occuper, et non les collaborateurs de l’entreprise. Eux ont été recrutés pour leurs compétences et on leur demande d’apporter de la valeur, qui se définit d’une façon différente en fonction de l’endroit où l’on travaille. Les planifier de travailler sur des activités sans intérêt n’est pas qu’un coût pour l’entreprise. C’est aussi un facteur puissant de démotivation.
Biais numéro 2 : « travail et productivité sont liés »
Ce biais-là est partiellement juste : sans travail, rien n’est produit et la productivité est égale à 0. Mais quand on travaille, est-on productif ? La productivité se calcule en divisant la valeur fournie par la charge. Travailler sur des devis que l’on n’arrive pas à envoyer, étudier des sinistres que l’on n’arrive pas à régler ou écrire du code logiciel qui ne part pas en production, répondre à des appels que l’on n’arrive pas à résoudre, c’est à la fois travailler et avoir une productivité proche de 0.
Biais numéro 3 : « l’optimisation (si ce n’est l’automatisation) du processus va améliorer la productivité »
Cela dépend déjà de la façon de s’y prendre pour optimiser un processus. Mais même en cas de succès, l’amélioration de la productivité n’est pas au rendez-vous.
En effet, quel est le temps consacré à traiter la demande du client à l’intérieur d’une journée ?
50 % : une équipe de back office a une productivité de 70 opérations par jour et chaque opération dure 3 minutes en moyenne. 70 x 3 = 210 minutes. Une journée de 7 heures représente 7 x 60 minutes, soit 420 minutes.
25 % : une équipe de développeurs passe 5 jours par mois à faire du développement logiciel.
10 % : un agent de maintenance trouve porte close 9 fois sur 10 et peut intervenir 1 fois sur 10
Faut-il s’intéresser à l’efficacité du geste technique ou à tout ce temps perdu en dehors du processus ? A réfléchir au cas par cas, après avoir bien observé la situation.
En conclusion : réconcilier travail et productivité
Si vous souhaitez aller plus loin sur le sujet, voici une ligne méthodologique que propose le lean :
Commencez par définir la productivité de votre équipe. La productivité est par définition égale à la valeur produite divisée par le temps de travail :
Commencez par trouver le « point de sortie » du travail de l’équipe et définissez-y la valeur : un virement fait, une commande exécutée, une donnée mise à jour, etc… Ensuite, il suffit de compter à la fin de journée pour avoir la valeur produite. Et de le faire chaque jour.
Pour le temps de travail, visez large. Regardez le nombre de personnes dans l’équipe, sans considération de ce qu’elles font (ouvrir le courrier, préparer les reportings, répondre aux appels, archiver et classer, tout compte) et comptez combien de journées de travail cela représente chaque jour. Par exemple, 6 personnes à temps complet et 1 à 80 % présentes lundi, cela donne un temps de travail ce jour-là de 6,8.
Puis divisez. Et regardez comment bouge la productivité au fil des jours. Vous aurez des jours à 0, d’autres à 5, d’autres à 15. Et une moyenne.
L’exercice n’a rien de simple. La notion de valeur est souvent moins précise qu’on ne le croit et l’envie de « tout expliquer » avant d’avoir fait le calcul est pressante. Ne vous laissez pas tenter !
Maintenant que vous avez votre chiffre de productivité sur plusieurs jours, analysez la courbe :
Etes-vous surpris par le niveau de productivité ?
Comprenez-vous pourquoi un processus que vous connaissez bien a parfois une productivité de 1 et parfois de 6 ?
Et si vous pensez que la situation est perfectible, faites du lean … pour améliorer la productivité, pas le travail.
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Ce post vise à proposer une approche concrète face à une question très ouverte.
Vous avez donc rencontré le lean, d’une façon ou d’une autre : par des articles ou des livres, une connaissance qui vous en a parlé, un patron ou un client qui vous demande de vous y engager. Vous seriez prêt à faire un premier pas mais par où commencer ? Les réponses trouvées dans la littérature semblent souvent obscures :
« ici et maintenant », cf Le Projet Lean en France
« trouvez un senseï », J. Liker, quoique senseï veuille dire
« commencez par le client », comme le dit l’Institut Lean France ici, point de vue auquel j’adhère bien sur,
Etc….
Soyons pragmatiques : commencez par vous faire une opinion par vous-même !
Une fois la littérature bien explorée et le partage d’expérience bien avancé, levez le doute : y a-t-il une chance que cela vous apporte, à vous et à votre entreprise, quelque chose ? Vous forger une opinion est indispensable avant d’entrer dans une démarche lean car votre conviction vous permettra d’embarquer vos collaborateurs dans ce voyage très particulier.
L’exercice est assez simple : aller et voir. Faites-le de façon lean, c’est là le point clé.
En permanence, l’entreprise se pose la question d’optimiser ses budgets afin de tirer le meilleur parti de l’année en cours tout en préservant ses capacités à préparer l’avenir. Les économies de coûts portent tout à la fois sur les opérations quotidiennes, dont on attend que leur productivité s’améliore, et sur le scope des projets identifiés, documentés, solides en promesse de ROI mais dont on sait dès le départ qu’il sera impossible de les financer tous.
Quelles relations établissons-nous au sein de nos équipes ? Sont-elles de bonne qualité ? Vont-elles favoriser l’engagement des collaborateurs ?
A l’heure de la « grande démission », la question semble d’actualité. Un tiers des moins de 35 ans envisagent de changer d’entreprise, voir de changer radicalement de vie. En effet miroir, les entreprises se retrouvent fragilisées par ce turn over, réel ou anticipé, qui va limiter leur capacité d’action.
La question de l’engagement est plus ancienne que le Covid. La diffusion infiniment rapide de la culture agile dans les entreprises a pour origine cette envie des développeurs d’abord, puis d’un collectif beaucoup plus large de salariés, de mieux comprendre le sens de leurs actions, de disposer de marges d’organisation plus importantes et d’arrêter d’être vissé à son siège, avec une liste de taches à accomplir, pour au contraire travailler au sein d’une équipe.
Fred Mathijssen, Director of Technology de Nike Europe, avait fait afficher dans la salle de son management visuel, en grand :
« 1 euro investi ici rapporte 1 200 euros. »
Il nous a expliqué que le chiffre était parfaitement inexact mais que c’était le résultat du premier calcul de ROI conduit par ses équipes. Embarrassées par l’affichage, les équipes avaient essayé de mieux comprendre quelle valeur apportait l’informatique et, rapidement, le ratio avait diminué pour atteindre un niveau raisonnable, toujours enthousiasmant, et qui restera confidentiel.
Cela m’a amenée à réfléchir à une notion de « valeur in – valeur out » :
Valeur in : est-ce que je suis capable de produire la même valeur, avec des moyens internes (« in ») plus faibles ?
Valeur out : est-ce que j’apporte plus de valeur aux bénéficiaires de mes services ?
Le Minimum Viable Product (MVP) est une percée dans le monde de la conception de produits numériques. Le produit se construit comme une suite de poupées ukrainiennes, d’une petite (le MVP) vers une plus grande qui peut l’absorber et ainsi de suite jusqu’au produit final. Travailler en MVP sécurise à la fois le service rendu par le produit et la qualité du produit.
Le Minimum Viable Product (MVP) a du sens dans le domaine suivant : construire une stratégie de construction d’un produit numérique qui sécurise à la fois le service rendu par le produit et la qualité du produit. Le MVP sécurise beaucoup d’aspects de la conduite de projet : la définition du produit cible, l’identification très en amont des difficultés techniques, la collecte des dépendances qu’il faudra traiter, un meilleur étalement de la charge pour les testeurs, un début de formation des utilisateurs, un identification précoce des éventuelles erreurs de conception, etc.
Nous vous proposons dans cet article plusieurs bonnes pratiques issues de notre expérience.
La matière noire est une matière hypothétique composée de WIMP, que l’humanité n’a jamais vue, qui représenterait 5 fois plus de matière que celle que nous connaissons ; elle explique des phénomènes astronomiques inexplicables. Ca laisse rêveur mais quel est le lien avec le développement logiciel et le lean management ?
Les équipes projet travaillent sur des objets visibles (appelons les « user stories »), sur des objets observables si l’on s’en donne la peine (les demandes de support et les incidents) et, enfin sur des activités de matière noire. Cette analogie éclairante bien que peu réjouissante a tout de même un côté positif : alors que la matière noire représente 5 fois la masse de la matière visible, les activités de matière noire des équipes projet sont moins nombreuses. Lors de mon dernier gemba, le chiffre flirtait avec les 50 %.
333 jours par an sans prélever d’eau dans la nature,
une réduction de 99 % de la consommation de solvants,
la réutilisation de 100 % des emballages industriels et du personnel,
100 % d’électricité d’origine naturelle,
la multiplication par 3 de la biodiversité.
Bien sûr, nous sommes chez Toyota. Dans une vidéo[1] de 3 mn 38 que je trouve inspirante et réconfortante, les collaborateurs de l’usine de Valenciennes présentent près de 30 initiatives en faveur de l’environnement ainsi que les résultats obtenus.