La qualité construite dans le processus de fabrication comporte de nombreux outils. Au cours de nos visites d’entreprises japonaises, nous avons eu le plaisir d’observer plusieurs déclinaisons de l’autocontrôle.
Plus il y a d’opérations entre la détection et la correction d’un défaut, plus on consomme de temps des personnes et de matériaux à continuer la transformation d’un produit non conforme. Le tout aboutira à un gaspillage (muda) : la retouche. Dans le pire des cas, le produit est irrécupérable et doit être traité comme un déchet. Par exemple, dans l’industrie alimentaire, un produit comportant un défaut bactérien entraîne a minima la destruction du lot et l’arrêt de la chaîne pour décontamination. Dans l’IT, ce processus sera pudiquement appelé « dé-commissionnement » et « reprise de données ».
L’autocontrôle consiste à donner de l’autonomie aux personnes pour juger, à leur poste de fabrication, les défauts et ainsi de rejeter ou non le produit et de mettre en œuvre ou non des actions correctives.
Cela rend possible, en premier lieu, la protection des personnes sur les plans physique et psychologique. Par exemple, repérer immédiatement une installation électrique non conforme ou ne pas transmettre un fatras d’informations inextricables à l’étape suivante (en fait à son collègue).
En second lieu, l’autocontrôle va permettre de protéger le client. La qualité construite à chaque étape du processus vise à éviter au client de recevoir un produit ou un service défectueux.
Par ailleurs, l’autocontrôle nécessite une réflexion de l’ensemble des parties prenantes de la production sur ce qu’est une bonne pièce. Je peux contrôler mon travail si je connais exactement les caractéristiques d’une bonne pièce. Si j’ignore lesdites caractéristiques, je viens d’identifier une opportunité de formation.
Naturellement, la compréhension approfondie de la nature de la pièce que je fabrique et de la façon dont je m’y prends va inévitablement soulever des pistes d’amélioration et donner lieu à des opportunités de Kaizen.
En résumé, l’autocontrôle va conduire à une implication plus forte de chaque personne dans la réussite du projet de l’entreprise, à un degré qui dépasse la seule fabrication de la pièce : il s’agit également d’autonomie et de confiance. En effet, chacun de nous a sans doute un souvenir assez mitigé d’une situation où il produit quelque chose dont la conformité est évaluée, jugée, par d’autres. Cela pouvait conduire à une certaine frustration et parfois la tentation, fugace évidemment, de maquiller le résultat de notre travail !
Une réflexion sur “L’auto-contrôle : source d’autonomie et de confiance”