Dans le cadre d’une étude psychologique à grande échelle Mihaly Csikszentmihaly et son équipe ont demandé à des milliers de volontaires de relever, sur plusieurs jours et à différents moments de la journée, leur niveau de bonheur et l’activité correspondante à laquelle elles et ils se consacraient à ce moment là.
Cette approche qu’il appelle la « méthode d’échantillonnage des expériences subjectives » (Experience Sampling Method) lui a permis de déterminer une certaine correspondance dans les activités menées dans les moments pour lesquels les volontaires disaient ressentir la plus grande sensation de bien-être. Ce moment magique est appelé Flow.
Pour son grand malheur, la version française est packagée comme un ouvrage de développement personnel à deux balles : « Vivre la psychologie du bonheur » (yeux au ciel). Alors que l’ouvrage original est « Flow the psychology of optimal experience », et représente une référence absolue pour de nombreux penseurs du numérique telle que Kathy Sierra (qui le cite à plusieurs reprises dans son ouvrage Badass – Making your users awesome sur lequel ce blog reviendra bientôt) ou encore l’équipe Basecamp (J. Fried et D. Heinemeier Hansson) qui le citent à plusieurs reprises dans leur blog et leurs ouvrages crois-je me rappeler. Ces derniers sont de tels adeptes de cette approche psychologique, qu’ils interdisent les interruptions et privilégient la communication asynchrone pour les éviter. Leur motto : une interruption nous fait sortir du flow nécessaire à la créativité dans leur métier, et nécessite ensuite une vingtaine de minutes de concentration pour y retourner.
Ces caractéristiques sont particulièrement intéressantes en ce qu’elles nous ramènent (encore, je vous vois déjà vous aussi lever les yeux au ciel) à des principes forts du management Lean : challenge, attention, objectif, feedback, engagement profond, expression d’un savoir-faire.
Mon collègue Jean-Philippe Douet a longuement écrit au sujet du Lean comme vecteur de Qualité de vie au Travail. En ce qui me concerne, le fait que la mise en flux de la production encourage la mise en flow de collaborateurs a été confirmé avec les dizaines d’équipes que j’accompagne.
Voici donc les caractéristiques du flow telles que décrites par Mihaly Csikszentmihaly :
- La tâche entreprise est réalisable mais constitue un défi et exige une aptitude particulière ;
- l’individu se concentre sur ce qu’il fait ;
- l’objectif visé est clair ;
- l’activité en cours fournit une rétro-action immédiate ;
- l’engagement de l’individu est profond et fait disparaître toute distraction ;
- la personne exerce le contrôle sur ses actions ;
- la préoccupation du soi disparaît mais paradoxalement le sens du soi est renforcé à la suite de l’expérience optimale ;
- la perception de durée est altérée.
Comment se présente le flow dans le cadre de votre activité ? Quelles sont vos astuces pour y parvenir plus facilement ? Paul Graham de Y Combinator expliquait que son standard était d’écrire (que ce soit du code ou des essais) sur un laptop déconnecté d’internet. Quel est le vôtre ?
Pour prolonger la réflexion, la présentation TED de Mihaly.