En tant que coach en Lean Management, le titre du dernier livre de Charles Pépin, philosophe, écrivain, journaliste (contributeur à l’indispensable Philosophie Magazine), Les Vertus de l’Échec m’a interpelé. Pourquoi ? Car pour nous coachs, le droit à l’erreur — donc à l’échec — est un prérequis pour l’apprentissage et le développement des compétences par la résolution des problèmes. Le droit à l’erreur est un élément-clé du pilier Respect des Personnes du Toyota Way.
Au travers d’exemples de la vie de sportifs (Nadal, Gasquet…), d’artistes (Barbara, Brassens…), de personnalités politiques mais également d’entreprises telles que Google, Free et d’autres, Charles Pépin décrit pourquoi et comment l’échec et l’erreur ont permis à ces grands noms de rebondir en développant leurs capacités et compétences.
L’exemple de Nadal et Gasquet est révélateur, car le Nadal d’aujourd’hui est à l’opposé du Nadal des débuts ; mais je vous laisse prendre connaissance de cette histoire en lisant le livre de Charles Pépin.
L’idée de cet article n’est ni de résumer ce livre ni d’en faire une critique, mais de mettre en évidence des éléments en lien avec le Lean Management.
Droit à l’erreur
En nous trompant, en échouant, nous manifestons notre vérité d’homme : nous ne sommes ni des animaux déterminés par leurs instincts, ni des machines parfaitement programmées, ni des dieux. Nous pouvons échouer parce que nous sommes des hommes et parce que nous sommes libres : libres de nous tromper, libre de nous corriger, libres de progresser.
Au contact du réel
Hâtons-nous donc d’échouer, car alors nous rencontrons le réel plus encore que dans le succès. Parce qu’il nous résiste, nous le soumettons à la question ; nous le regardons sous tous les angles. Parce qu’il nous résiste, nous y trouvons un appui pour prendre notre élan.
L’échec nous offre la chance de nous rendre enfin à l’évidence : il y a bien en face de nous quelque chose qui s’appelle le réel.
Apprendre grâce à l’échec
On apprend peu par la victoire, mais beaucoup par l’échec, selon un proverbe japonais.
Trop souvent, nous voyons l’échec comme une porte qui se ferme. Et si c’était une fenêtre qui s’ouvre ?
En nous rendant plus humble, l’échec nous engage sur un chemin plus sûr. Il faut savoir retrouver la terre pour réapprendre à viser le ciel.
Peu importe, finalement, le nombre de fois que nous tombons, tant que nous nous relevons une fois de plus, tant que nous nous relevons plus sages.
Humilité ou comment garder les pieds sur terre
Charles Pépin nous précise que l’origine du mot « humilité » est humilitas, dérivé de humus signifiant « terre ». Il ajoute qu’« Échouer, c’est souvent en effet “redescendre sur terre”, cesser de se prendre pour Dieu ou pour un être supérieur […] ».
Comme nous l’avons plusieurs fois écrit dans les pages de ce blog, ce qui intéresse le Lean, c’est ce qui se passe sur le terrain, le Gemba. Aller sur le Gemba, nécessite de l’humilité pour voir les problèmes, pour les digérer et accepter d’en faire une force pour grandir.
Progrediens
Pour ma part, j’ai fait mien le terme « progrediens » que je ne connaissais pas et dont le sens est en adéquation avec mon travail de coach en Lean Management :
Les philosophes antiques utilisaient le joli terme de « progrediens » pour dépeindre l’homme qui, sans être arrivé à sa perfection, s’améliore chaque jour un peu plus. Être un « progrediens », avancer sur le chemin : voilà le but d’une existence.
Aider les autres à devenir des « progrediens », à avancer sur le chemin de l’amélioration continue ; voilà le but d’une existence professionnelle.
Errare humanum est
Errare humanum est, certes ! mais il ne faut pas oublier la fin de cette citation : perseverare diabolicum (l’entêtement est diabolique). La pratique courante des techniques du Lean — sans oublier la partie non négligeable qu’est le respect des personnes — permet au quotidien d’ « oser l’échec » pour apprendre et éviter de reproduire les mêmes erreurs.
Bonne lecture !
Source : Les Vertus de l’Échec, Charles Pépin, Allary éditions, 2016
Une réflexion sur “Les Vertus de l’Échec par Charles Pépin”