Allez, soyez francs.
Vous aussi, comme moi, vous avez lu les bouquins de Lean, et en lisant les histoires sur l’andon avec arrêt total de la chaîne de production, la petite musique qui sonne de plus en plus fort jusqu’à en faire descendre le directeur de l’usine sur le terrain, etc., etc. C’était beau, vous en aviez la larme à l’œil, mais vous auriez pu finir l’histoire par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Parce que vous aussi, comme moi, vous ne croyiez pas cela possible de laisser la chaîne de production s’arrêter (ni de voir un directeur sur le terrain).
Et bien croyez-moi, je l’ai vu de mes propres yeux. L’andon, ce n’est pas que dans les livres…
Mais plus que de voir la chaîne s’arrêter, l’équipe d’ingénieurs (casques bleus) travailler avec l’équipe de maintenance (casque orange) et le management (casque blanc) pour résoudre le problème, ce qui m’a le plus impressionné c’est l’impact de l’andon.
Bah oui, arrêter la chaîne de production aussi longtemps, ça doit être une catastrophe !
Détrompez-vous. Cela n’a aucun impact.
Des que la chaîne s’arrête un minimum de temps, un message passe dans l’usine pour annoncer que des heures supplémentaires vont être déclenchées.
– Pour les clients ? Aucun impact. Ils auront leur voiture en temps et en heure grâce aux heures sup.
– Pour les employés ? Ce sont donc des heures payées en plus qui sont proposées. Donc une hausse de salaire. Même si, notre guide nous a expliqué à ce moment-là que cette hausse est inférieure à la prime qu’ils auraient touchée si le takt avait été respecté.
Ces heures-là ne seront pas plus sous pression que d’autres grâce au takt time : la cadence des voitures sera strictement identique au reste de la journée. On ne devra pas travailler plus vite, mais exactement de la même manière que le reste du temps. Merci le takt !
– Pour l’entreprise ? Pendant que la chaîne est arrêtée, que font les ouvriers ? Ils travaillent sur leurs kaizen et leurs standards de travail. C’était incroyable de voir chaque équipe avec son team leader assis à une table avec une feuille et un crayon en main. Moi, perso, je serais allée à la machine à café.
Donc en fait l‘andon a bien un impact : l’apprentissage ! Les managers, les ingénieurs et l’équipe de maintenance qui sont sur le terrain pour résoudre le problème ET toutes les équipes en travaillant sur leurs kaizen ont appris.
2 réflexions sur “Arrêter la chaîne de production d’une usine ? Ils sont fous ces Japonais”